l’histoire du lycée

En 1769, après le rattachement de la Corse à la France, le bâtiment est choisi pour devenir le siège du gouvernement de l’île. Les autorités françaises décident de ne pas s’installer dans l’ancien palais des Gouverneurs génois et choisissent de résider au cœur de la ville basse. On confine alors les Missionnaires Lazaristes dans une seule aile et l’on réquisitionne les autres. Les religieux y demeurent jusqu’à ce que la Révolution les en chasse définitivement (la loi du 10 juillet 1791 transfère alors à l’état la pleine propriété des couvents des ordres supprimés). Pendant les règnes successifs de Louis XV et de Louis XVI, le bâtiment est donc dénommé “palais du Gouvernement”. À cette époque, les armoiries de la Sérénissime République de Gênes qui surmontaient la porte principale du couvent et de son église sont martelées. On y applique des fleurs de lys en métal doré afin de les transformer en blason du Roi de France. Au début des années 1790, en pleine tourmente révolutionnaire, ces blasons sont vandalisés, on arrache les fleurs de lys et l’on brise les couronnes qui les surmontent.

Un inventaire mobilier, dressé en 1790 par les autorités révolutionnaires, énumère sur quatre pages les tableaux, statues, pièces d’orfèvreries, meubles et orgues dont l’église était richement pourvue. Rien de cela n’est laissé en place. Toutefois, les décors de stuc échappent heureusement aux destructions.

Lors du bref rattachement de la Corse à l’Angleterre, en 1794 et 1795, le palais demeure le centre du pouvoir politique de l’île et devient le siège officiel du gouvernement du Royaume anglo-corse.

De 1796 à 1799, sous le Directoire, l’aile Nord-Est (côté place Saint-Nicolas) est affectée au siège de l’Administration Centrale du département du Golo, dont Bastia était le chef-lieu. En 1799, des aménagements sont réalisés dans la grande salle destinée à la tenue des séances de l’Administration Centrale. On y installe un parquet en bois de châtaigner, une grande estrade semi-circulaire de 6,80 mètres de diamètre et de 32 centimètres de haut, des sièges pour les 5 Administrateurs et une longue table de 4 mètres de long. Un banc de 15 mètres, destiné à l’auditoire, est plaqué sur le pourtour des murs, deux fauteuils avec coussin de crin et deux tables à tiroir, recouvertes de drap vert, sont destinés au Commissaire du Directoire Exécutif et au Secrétaire Général de l’Administration Centrale ; les murs sont ornés de peintures murales. Les travaux de peinture décorative sont estimés à 216 francs et l’ensemble des aménagements à 843 francs et 79 centimes.

Durant cette période, le rez-de-chaussée et les autres ailes sont transformés en caserne, destinée à loger une partie de la garnison de la ville.

De 1800 à 1811, l’édifice continue à abriter les bureaux de l’Administration départementale et prend le titre d’Hôtel de la Préfecture du département du Golo. Les fonctionnaires départementaux continuent à cohabiter avec les militaires.

En avril 1811, les départements du Golo et du Liamone sont fusionnés pour créer un département unique, celui de la Corse. Les archives de l’ancien département sont mises en caisse pour être transférées à Ajaccio, de même que le mobilier qui était mis à disposition de l’ancien préfet (3 miroirs dont deux grands, une commode, 7 tapis, 3 tables à jeux, un canapé, 33 chaises de Livourne, 36 chaises paillées, 6 chandeliers, 4 chenets, 2 cabarets à liqueurs, des rideaux et des tentures, un bureau, 9 petits bureaux, 12 tables, 3 bancs, etc.). Les archives, meubles et effets sont transportés sur le môle du Vieux-Port et embarqués sur le Bâtiment de l’Etat “Le Castor”.

Dans le courant de l’année 1811, le premier étage du bâtiment est affecté à une nouvelle entité administrative : la Sous-Préfecture de Bastia. Quant au second étage, il est cédé à la Ville qui y installe la Mairie et la Bibliothèque Municipale.

A partir de 1815, la Cour Royale (ancêtre de l’actuelle Cour d’Appel) s’implante au premier étage du bâtiment où s’installe également la Mairie (qui descend d’un niveau). La Sous-préfecture déménage pour monter s’installer au second étage, qu’elle partage avec la Bibliothèque Municipale.

En 1817, la Cour Royale se trouve trop à l’étroit. En conséquence, les bureaux de la Mairie et le Bureau de Police remontent au second et partagent cet étage avec la Sous-Préfecture.

Dans le courant des années 1820, l’armée blanchit l’intérieur de l’église et dépouille sa façade de tous ses ornements. Elle est alors transformée en entrepôt pour l’artillerie.

Le 8 février 1832, la Ville de Bastia achète l’ancien couvent des Jésuites (actuel collège Simon-Vinciguerra) afin d’y ouvrir un collège municipal et de pouvoir également y transférer ses services, qui manquaient de place. C’est ainsi que la Mairie, le Bureau de Police et la Bibliothèque Municipale envisagent de quitter l’ancien couvent des Missionnaires, moyennant la réalisation de travaux d’aménagement. 

Au mois d’avril 1836, de longues tractations entre la Mairie et l’Armée aboutissent à un accord. Le Conseil Municipal vote le transfert définitif des locaux que possède la Ville dans l’ancien couvent des Missionnaires afin que l’Armée occupe pleinement le bâtiment. En échange, l’Armée cède à la ville une partie des anciens jardins qui se trouvaient au nord-ouest du bâtiment (8300 m_). Sur ce terrain, la Ville pourra tracer une rue nouvelle, mettant en communication la place du marché et la place Saint Nicolas. Selon les termes de cet échange, la Ville s’engage à faire réaliser à ses frais une longue terrasse, large de 4 mètres, bordée d’un garde-corps de fer forgé et accessible par un double escalier. C’est ainsi que l’on a décidé le “retournement” de l’édifice, puisque l’ancienne façade arrière, donnant sur des jardins, va devenir la façade principale, donnant sur une rue nouvelle (l’actuel cours Pierangeli). Une disposition de l’échange prévoit également que dans les trois ans qui suivront la signature de l’accord, le siège de la Cour (qui occupe toujours une partie de l’aile Nord-Est) sera libéré aux frais de la Ville. Le processus sera bien plus long que prévu. L’accord ne sera ratifié par le Ministre de la guerre qu’en août 1837 et légalisé 16 ans plus tard. La Cour  ne déménagera qu’en 1858.

En janvier 1841, le conseil municipal entérine le tracé d’un nouvel axe urbain, le cours Louis-Philippe (actuel cours Pierangeli) en exposant que : “le cours crée une promenade convenable en toutes saisons, l’hiver recevant tous les rayons du matin et du plein midi et se trouvant abrité contre le vent du Libeccio“. La municipalité envisage de revendre les terrains acquis au Nord Ouest des Missionnaires pour que des particuliers y fassent construire des maisons “toutes bâties sur un modèle uniforme“. C’est ainsi que l’ancien couvent, dont l’orientation générale a été retournée, se retrouve au cœur d’un nouvel ensemble urbain qui se veut élégant et moderne.

Si un accord est entré dans les faits entre l’Armée et la Ville, rien n’est encore réglé avec l’administration judiciaire. Au mois de février 1841, le maire dénonce l’état inconvenant du corps de bâtiment “appelé Palais” : “Les corridors communs aux militaires, au public et aux magistrats sont un réceptacle d’immondices et d’ordures. Le greffe est un passage, les jurés n’ont pas de salle de délibération. Le Premier Président n’a pas de cabinet et les plafonds des salles d’audience sont tellement bas qu’on n’y a pas encore trouvé une place convenable pour placer le portrait du roi (il s’agit d’un grand tableau représentant Louis-Philippe, en pied). Le génie militaire a établi dans le vestibule des fourneaux dont la fumée se répand partout et entre dans le greffe et les salles d’audience. La toiture en plomb s’est ouverte en plusieurs points et a donné passage aux eaux pluviales. Le plafond de la salle d’audience destinée à la chambre civile est tombé en partie et celui de la cour d’assise menace ruine”. Le 5 mai 1841, le Conseil Municipal vote un crédit de 12 000 francs pour faire face aux travaux les plus urgents, en attendant une solution définitive.

  En 1842, la mort accidentelle du prince héritier (le duc d’Orléans) émeut les Bastiais qui lui vouaient une sympathie toute particulière depuis sa visite officielle à Bastia (en 1835) et son intervention en faveur de l’ouverture d’un Collège Royal dans la ville. On décide de débaptiser le cours Louis-Philippe pour le nommer cours d’Orléans. On songe à commander une statue du prince pour l’installer au milieu de la promenade, face à l’ancien couvent des Missionnaires, mais ce projet ne sera jamais concrétisé.

De 1848 à 1852, la Cour Royale demeure dans ses locaux du couvent des Missionnaires mais change son nom pour celui de : Cour d’Appel de la Corse.

A partir de 1852, la Cour d’Appel change à nouveau de nom, pour porter celui de : Cour Impériale. En 1858 le nouveau palais de justice de Bastia est inauguré et le siège de la Cour Impériale y est transféré, libérant enfin ses anciens locaux. L’ensemble des bâtiments des Missionnaires, désormais entièrement dévolu à l’armée, prend le nom de “Caserne Marbeuf”.

En 1922, l’ancienne église des Missionnaires, qui n’est plus utilisée par l’armée, est mise à la disposition de la Ville qui y transfère son Musée municipal (dans le courant du mois de mars). Ce musée, installé depuis 1908 dans l’une des salles du théâtre, se trouvait trop à l’étroit et avait besoin d’espace pour présenter ses collections (histoire naturelle, numismatique, œuvres d’art et souvenirs historiques).

Des lieux dédiés à l’enseignement

https://www.la-corse.org/liceubastia/nicolihtm.htm

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