La construction du palais

Les travaux de gros œuvre durent trente ans. En 1709, ils sont quasiment achevés et le gouverneur de la Corse commande au marbrier Domenico Saporito un portail de marbre blanc pour embellir l’entrée principale (qui se trouve alors du côté de la mer). Il le fait surmonter de deux griffons soutenant le blason de Gênes et fait graver sur le linteau une inscription latine commémorative, afin de rappeler la date de fondation et le rôle de commanditaire joué par la Sérénissime République : “DOMUS CONGREGATIONIS MISSIONIS, PIETATE ET MUNIFICENTIA SERENISSIMAE REIPUBLICAE FUNDATA 1678” (les armoiries n’existent plus, mais l’inscription est encore en place).

Le couvent est originellement conçu comme un palais, d’ailleurs les documents du début du XVIIIe siècle ne le dénomment pas “convento dei Missionari” mais bien “palazzo dei Missionari“. Toutes les salles sont vastes et hautement voûtées, bien éclairées et aérées par de grandes fenêtres. Le complexe architectural est composé de quatre corps de bâtiments, organisés autour d’une cour intérieure de plan carré, bordée de galeries à arcades. Les trois corps principaux, disposés en U, comportent deux étages, tandis que l’aile Est, fermant la cour vers la mer, ne compte qu’un rez­de-chaussée couvert d’une grande terrasse, formant belvédère. Il faut imaginer qu’à l’origine, l’entrée principale se trouvait justement de ce côté, face à la mer. La façade qui longe l’actuel cours Pierangeli n’était donc que la façade arrière. Elle donnait primitivement sur un vaste terrain clos qui s’étendait jusqu’à l’actuelle rue Napoléon. Au nord, s’étendait un jardin raffiné aux allées régulières délimitant des parterres aux formes géométriques.

En 1716, trente-huit ans après la pose de la première pierre, le Sénat de Gênes entreprend de faire adjoindre une grande église à l’établissement. La chapelle primitive, implantée dans l’angle Sud-Est des bâtiments, est jugée insuffisante, les jours de fêtes, pour accueillir l’assemblée des religieux et des fidèles. Les plans de l’église, expressément demandés par le Doge de Gênes, lui furent envoyés et par lettre en date du 17 mars 1716, il informait le gouverneur de sa “pleine satisfaction quant au choix du site et au dessin du projet“.

Deux ans après le début du chantier, en 1718, on commande au sculpteur Francesco Baratta, de Carrare, un grand portail de marbre blanc pour orner dignement la façade de l’église. On en fait surmonter le linteau des armoiries de Gênes, pour, de nouveau, rappeler à tous que cette église est sortie de terre grâce à la Sérénissime République (le fronton de ce portail, vandalisé sous la Révolution, est actuellement conservé au Musée de Bastia).

Les travaux de construction de l’église furent long, s’étendant sur près de sept années. En 1723, le gros œuvre peut être considéré comme achevé et il ne reste plus qu’à en perfectionner le décor. La nouvelle église est élevée sur l’emplacement d’une très ancienne chapelle dédiée à Notre-Dame du Mont Carmel. Dans ses premières années d’existence, le vocable de l’église des Missionnaires reprend ce nom (chiesa Santa Maria del Carmine). La canonisation de Saint Vincent de Paul (en 1737), fondateur de la congrégation, incitera les religieux bastiais à placer leur église sous son invocation et à changer le nom de l’édifice (chiesa San Vincenzo de’ Paoli).

https://www.la-corse.org/liceubastia/nicolihtm.htm

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